Deux hommes pendus à la même corde
Sur la plaine silencieuse du nord
Ferment les croisées des chemins de terre
Où sept routes se sont éparpillées.
La première est un présent de Dieu la plus large
Elle va loin saluée par un bois de peupliers
Qui regardent le ciel qu’ils n’atteindront jamais
La route s’y mêle sans en sortir
La deuxième zigzague entre des trous de taupes
Qui lui semblent d’imposantes montages
Avec ces décevants sommets
La route se confond et disparaît dans l’inconnu
La troisième semble très droite
Et blanche avec des cailloux foulés et refoulés
Polis comme des galets mais un angle l’emporte
La route s’arque et disparaît dans son imperfection
La quatrième pourrait être noble et belle et héroïque
Tellement irréprochable qu’elle en guérit les autres
La seule joie de ce carrefour désert
Qui forme un cercle et tourne sans fin
La cinquième surveille les six ou sept routes
Elle surmonte deux rangées de mauvaises herbes
Mais comme arrivée en haut d’une falaise
La route s’effondre et nul ne sait plus l’avenir
La sixième ne fait que descendre
C’est l’amie des grands fonds, des abîmes d’espoir
L’enfer de l’ordre et du désordre elle connaît
Mais de futur la route n’a jamais entendu parler
La septième n’existe pas
Oui c’est un rêve inachevé
Elle s’arrête là se mélange un peu au sol
La dernière route est la plus belle.
C’est un destin toujours caché
C’est un chant qui se tait dès la première note
Une coïncidence triste une courte aventure
Deux hommes pendus à la même corde.
Vive la vie ! Vive le monde !