O mes chers amis ! Olivier que je suis sans détour,
Yann et son espérance, Aurélie la beauté même,
Et les autres perdus dans ma mémoire, dans le fil des souvenirs,
O toi Guillaume « ton ami pour toujours »,
Et ceux qui ne m’ont plus revu, et ceux que j’ai abandonnés,
Alice que j’ai cru faire souffrir, Antigone,
Les amis dont le regard m’est terrifiant, honteux,
Auxquels je dois cacher ma traîtrise, tous ceux-là
M’entourent ; je me dis que je les aime bien.
Et Caroline le début de l’adolescence, la jeunesse
Recréée par ces quelques mots, ces quelques noms
Que personne ne connaît, qui ne signifient rien à personne.
Pourtant c’est là que ma vie s’est jouée,
Derrière ces murs tristes, ces murs anciens,
Où j’essayais de promener mon âme ;
O toi Marie le secours de la joie,
Et vous tous avec qui j’ai cru pouvoir vivre,
Elle qui a tout su, Nora, Stefan, Eduardo –
Mes amis ! – me voilà écrasé par votre exemple,
Renversé par votre beauté, sans pouvoir faire un geste,
Sans oser expulser un réflexe d’amour.
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Silence… comme une ville morte après la guerre,
Je recompte dans l’ivresse mes amis disparus. – Horreur !
Ils partent sans vouloir rester, et moi je fuis, sans vouloir partir !