(1996-1999)

« Si tu m’aimes, je ne t’aime point.
Et si je t’aime, pauvre de moi ! »


Sherman

Donnerstag, 28. Januar 2010

Les graines (Eté)

Allez ! Semez ma propre vie !
Je vous ai portées dans mes branches,
Comme un homme sa poésie,
Comme un livre ses pages blanches.

Partez ! Percez ce ciel défunt :
Je m’abandonne sans tristesse.
Ces fruits dont je n’ai pas eu faim…
Adieu ! Adieu, je vous les laisse !

La vie vous sera grande ouverte
Pour que vous vous y essouffliez,
Pour rêver votre espoir inerte,
Pour que mes cris soient oubliés.

Allez ! Déjouez ce vice pur !
Demain, demain aux doigts de fée,
Elèvera vers cet azur,
Votre espérance empoisonnée ;

Ou chantez l’évitable faune
S’approprier tous vos destins,
Chantez ! Brisez ce cœur si jaune
En mille éclats d’avance éteints ;

Ou si l’homme croit vous aimer,
S’il se complait dans votre flamme…
Alors chassez l’affreux baiser,
Fuis ses chaînes ! Fuis ! Fuis son âme !

Peut-être, après un long voyage,
Arrivera la fleur, l’amant ;
Peut-être après un long carnage,
Serez-vous maître d’un instant ?

Envolez-vous ! Envolez-vous !
Aucun de vos sorts n’est enviable !
Vos fils paraîtront des cailloux ;
Vos désirs une barque instable.

Vous grandirez dans cette terre,
Le ciel vous vendra ses présents,
Vous fanerez tels un mystère,
Tels des échos, tels des brisants.

Mais copiez votre mélodie
Sur la douleur de vos aïeux ;
Allez semer ma propre vie,
Adieu, – souvenez vous ! – Adieu !
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Mal-vivants ! Toujours, mal-vivants !
Tu t’emprisonnes je me tue !
Elance-toi ! Va t’en ! Cours ! Mens !
En passant ma plainte pendue.