(1996-1999)

« Si tu m’aimes, je ne t’aime point.
Et si je t’aime, pauvre de moi ! »


Sherman

Donnerstag, 28. Januar 2010

Le songe de Thoutmosis IV


Longtemps je t’ai cherché, dans le silence de la nuit ou du désert, quand tout s’effondre, quand tout disparaît. Je me mêlais aux statues ; au pied des sphinx, parmi les premières ruines j’étais Anubis le dieu d’ombre, désespérant de ne plus trouver ton image. Dans la lumière scintillaient mille fois tes regards, brûlants comme les feux au fond des temples, derrière les cataractes. Puis quand l’ombre gagnait les tombeaux, recouvrait les monuments – les animaux hurlaient, les oiseaux s’envolaient par-delà le Nil – et moi aussi je m’élançais vers toi.

Amon ! Amon ! La vie m’était cachée ; aux jours s’acharnaient les jours, et je perdais consistance, sans savoir, sans oser murmurer ton nom… Mais tu fis descendre l’amour sur moi, comme la promesse renouvelée du fleuve, et depuis lors j’erre au travers des pyramides, mon corps n’a ni remords, ni trêve, pour percer ton secret. Je m’aventure à l’extase de la vie, je me livre, je m’abandonne sous l’éternel sourire. Je suis mon cœur, et demain je le brûlerai.