Je vivais dans un pays sinistre. Je me voulais le plus grand des hommes. Ma vie n’avait pas d’autre sens.
Je me méfiais de mon prochain comme de moi-même. Je n’avais rien à dire, mais je parlais. Ma voix était une eau croupie.
Je rêvais parfois à d’autres astres. Je m’imaginais régnant sur des milliards de peuples. Mon âme n’avait qu’un but.
Pourtant ce soir le jour se lève.
Un jour enchanteur ouvre ses portes
– Les portes par orgueil fermées. – L’orgueil s’éteint dans un dernier sursaut ;
( Et je vis désormais !
Et je suis à jamais libre…
Libre, de me croire enfin moi-même,
Libre de me croire vivant !)
Et ce soir tu m’attendras,
Et ce soir l’avenir se déchire,
Comme un rideau
Je vois tomber ma vie ancienne.
Ah ! j’étais vieux autrefois !
Brûlons les traits de ma jeunesse !
Et je marche, dans la lumière,