La nuit les tient éveillés, les enveloppe et les gomme parmi l’obscurité des arbres, des collines. Ils s’en vont, et le chemin crisse sous leur pas, et les cailloux bruissent comme des branches mortes.
Dans l’ombre je me cache moi aussi – je m’éloigne du monde et je veux me pendre – , je me cache derrière le grand chêne au fond du jardin, je les vois passer en s’embrassant. J’étreins dans l’amertume le chêne ; demain je m’y pendrai.
O vie sublime dans des bras aimés au comble du bonheur, passer dans la nature comme un rêve dans les têtes. Changer de corps ! Mais ni la vie ne déménage – ni l’âme ! – m’échapper, m’échapper !
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Le matin les réveillera loin des arbres, des collines – et le soleil filtré par les feuilles tombera sur leur corps, doucement – ils me verront pas – car je serai mort depuis longtemps gommé, enveloppé loin de ses rayons.
Mais avant de mourir moi je les verrai, à l’ombre du grand chêne, je les verrai partir dans l’ivresse… Puis ce sera à moi de m’en aller, ivre de tristesse, caché – caché au jour nouveau de l’amour !